Une carrière en Algérie

Gontran Dessagnes (Cholet, 25 mai 1904 – Toulon, 29 juillet 1978) était un pianiste concertiste, un chef d’orchestre et un compositeur qui connut de son vivant une carrière musicale foisonnante, intimement liée à son installation en Algérie dès ses 25 ans. 

Après son arrivée dans ce pays en 1929 pour une tournée initiale de trois mois de concerts à la radio, il décida de ne pas rentrer à Paris et passa trente-cinq années sur place à œuvrer pour la diffusion de la musique classique occidentale, tout en s’imprégnant en profondeur des richesses de la musique arabe et en photographiant inlassablement les paysages et les habitants qui lui procuraient inspiration et émotion (comme le cliché ici présenté datant des années 30). 

Parallèlement à son activité artistique et musicologique, il fut nommé Directeur du Conservatoire d’Alger entre 1946 et 1964. Gontran Dessagnes y a notamment organisé l’enseignement de la musique classique algérienne, parallèlement à celui des disciplines habituelles, dans une grande innovation pédagogique. Il préserva le patrimoine authentique en créant dès sa nomination des classes de musique andalouse, suivies de classes de déclamation dramatique en langue arabe. Il favorisa la création des classes de pratique et de théorie sous l’égide, entre autres, d’éminents professeurs, dépositaires de ce patrimoine typique, comme les frères Farkhadji. Un programme de solfège dit « musulman » accompagnait les cours d’instruments et d’ensembles par transmission orale, combinée à des exercices progressifs pour apprendre à lire une partition, comprenant des relevés de thèmes authentiques entre autres. 

Depuis son décès en 1978, le patrimoine familial d’une richesse considérable a été préservé par sa veuve, Nadia Dessagnes. Ces archives révèlent que G.Dessagnes possédait une maîtrise de terrain des musiques maghrébines et avait pris connaissance des écrits pouvant approfondir ce savoir. 

 

Au travers de cet article, commandité par le Professeur américain spécialiste de l’Anthropologie Jonathan Glasser, j’ai pu démontrer que les travaux conséquents de Jules Rouanet sur « La Musique Arabe » et « La Musique Arabe dans le Maghreb » de 1922 précédant son arrivée en Algérie lui étaient parfaitement connus. 
Aussi, après avoir étudié l’immersion de Gontran Dessagnes dans la culture arabe authentique, j’ai étudié son approfondissement théorique. Puis, à partir des deux articles fondamentaux de l’Encyclopédie Lavignac de 1922, j’ai analysé les apports de J. Rouanet dans l’œuvre de G. Dessagnes, au-travers de points de concordance et de divergence. Par œuvre, il faut entendre les compositions, mais également l’action pédagogique et artistique.  

"L’influence du Maghreb dans la musique de Gontran Dessagnes"

C’est le nom d’un article, traduit en anglais, qui va être soumis au Comité scientifique du journal américain North Africa.
Il sera la suite de deux précédentes publications :

Nous vous tiendrons informés des suites.